Mis en ligne le 16 juin 2021
Les statistiques sont très utiles dans divers domaines dont la santé. Nous avons interviewé Julie Roiz, marraine de la promotion 2023 qui évolue depuis sa sortie de l'Ensai (filière ISTS) dans l'évaluation économique des produits de santé, dans le conseil principalement.
Nous avons voulu notamment comprendre le rôle des statistiques lors d'une épidémie.
Quand dans une épidémie il commence à y avoir plusieurs cas, il y a des outils statistiques et épidémiologiques qui servent à essayer de comprendre si c'est un cluster de cas localisés qui va disparaître de lui-même, ou si ce nombre de cas va augmenter de façon incontrôlable. La statistique et l'épidémiologie sont deux domaines qui, ensemble, permettent d'essayer de comprendre, avec les cas observés, les tendances et les prédictions. Ce sont des outils qui, par la suite, vont être utilisés par les autorités pour prendre des décisions (à quel moment il faut confiner, fermer les écoles...). Ils vont prendre en compte plusieurs indicateurs pour prendre leurs décisions :
- - Le R0 : le nombre de cas secondaires qu'un cas va introduire dans une population complètement susceptible (c'est-à-dire avec aucune immunité). Sa valeur nous donne vraiment une indication sur la vitesse à laquelle l'épidémie va se propager. Ce nombre est estimé de façon statistique à partir des données observées et de façon épidémiologique à l'aide de modélisation. Quand on commence à avoir un certain nombre de cas, ce R0 devient moins pertinent car il n'y a plus une population totale susceptible donc on va utiliser le R effectif.
- - Le R effectif : le nombre de cas secondaire mais dans une population qui n'est pas totalement susceptible.
Les statistiques sont utilisés dans plusieurs cas.
Pour les modèles de prédiction, on peut faire un modèle hybride entre un modèle de régression de statistique et un modèle épidémiologique où l'on force certaines dynamiques pour que la courbe monte et redescende. On va essayer d'estimer des paramètres de croissance et de décroissance.
Une question qui s'est beaucoup posé plus d'un point de vue économique au début de la crise du Covid était : combient cette crise va coûter? Il y a donc eu plusieurs études qui on été faites avec des données hospitalières, plutôt avec des modèles économétriques pour mesurer le coût de la crise, la durée des traitements etc.
Les statistiques vont aussi être utilisées pour toute la partie clinique, au niveau de la virologie, la compréhension des anticorps, la compréhension virologique de la réponse au virus, la réponse immunitaire... Aujourd'hui avec la crise sanitaire actuelle, on essaye de comprendre, à l'aide des statistiques, quelle est l'immunité conférée par la Covid en comparaison avec l'immunité conférée par le vaccin, à quel taux ces 2 immunités décroîssent... Il ya des études où l'on va suivre des patients soit vacciné soit qui ont eu la maladie et on va suivre leur taux d'anticorps à des intervalles réguliers. Ensuite, on va utiliser des outils statistiques pour comprendre à quelle vitesse leur taux d'anticorps décroit et quelle est la durée de protection prédite.
La pandémie actuelle est compliquée. Si la population continue de se conduire comme elle le fait, si le virus continue de se conduire comme il le fait, on peut faire des modèles qui peuvent prédire plus ou moins bien la trajectoire de la pandémie. Techniquement on a les moyens de le faire, on l'a fait pour d'autres pandémies.
Mais avec la Covid-19, il y a pleins de facteurs qui entrent en jeu, notamment deux principaux:
- - Les attitudes des gens et les décisons des autorités changent constamment et ne sont pas prévisibles.
- - Les différents variant au virus, que l'on commence seulement à comprendre. Il n'y a pas un seul modèle qui peut prédire l'émergence d'un nouveaut variant.
Cette courte interview nous montre une partie de l'utilisation qui peut être faite des statistiques. Ce n'est qu'un exemple parmi la multitude d'ouvertures que nous offre l'Ensai à notre sortie de l'école.