Mis en ligne le 22/01/20
Alors que nous créons 2,5 trillions d'octets de données chaque jour en envoyant des messages, partageant des vidéos, ou en cliquant sur le lien d'un site, trouver de nouvelles manières de stocker, partager, analyser les données est devenu un enjeu majeur. C'est ce qu'on appelle le Big Data : le fait de sauvegarder un immense nombre de données, dans le but de les analyser et les exploiter ensuite. Si les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Youtube...), une multitude d'entreprises ainsi que de nombreux métiers utilisent déjà le Big Data, alors pourquoi pas le cinéma ?
En effet, l'utilisation des données est on ne peut plus présente dans le milieu du cinéma. Le Big Data trouve sa place dans l'inspiration de films, dans les campagnes marketing et parfois même dans l'écriture ou la production ! Plongeons nous au coeur de l'industrie cinématographique afin de comprendre à quel point le Big Data y joue un rôle important.
Le Big Data s'invite dans les scénarios de vos films préférés ! Sans que vous le remarquiez, c'est ce thème d'actualité qui a inspiré de nombreux films. Laissez moi vous en présenter quelque uns :
Le Big Data est un thème qui nous captive tous, tant par la curiosité qu'elle provoque que par la crainte qu'elle peut susciter ! Dans un monde dans lequel les données deviennent de plus en plus importantes et exploitées, il coulait de source que le cinéma se devait de s'attaquer à ce thème là !
Si le Big Data est un sujet qui fait vendre des films par l'attractivité qu'il créé, Hollywood en a compris une autre utilité : les données peuvent être exploitées pour le marketing d'un film !
Mais de quelles données parle-t-on ici ? Et comment le cinéma hollywoodien fait-t-il pour se les procurer, ou plus encore pour les exploiter ?
Les données pertinentes et utiles pour vendre un film sont nombreuses : il s'agit de connaître un maximum d'informations sur le potentiel client d'un film – sexe, âge, classe sociale, centre d'intérêts, genre de films favori... Ces données peuvent servir à adapter la promotion d'un film. Intéressons-nous à certains cas plus concrets pour mieux comprendre :
le cinéma Hollywoodien utilise via des sociétés spécialisées les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Youtube, Instagram, blogs cinéphiles) pour connaître les avis des utilisateurs concernant un film en temps réel. Lors de la promotion du film It Follows (2014), suite aux réactions des spectateurs sur Facebook aux vues des bandes d'annonce ainsi que des premières projections, la cible marketing du film fut alors modifiée ; les bandes d'annonces ainsi que le message mis en avant par l'équipe marketing furent adaptés de manière à cibler une population plus âgée, qui, selon l'analyse des données, était plus à même d'être attirée par ce film.
Netflix est également très friand de ces données : pour la série House of Cards (2013), plus d'une dizaine de bandes d'annonces différentes furent créées, adaptées sur mesure au client en fonction de son profil de consommation (genre des séries favorites, durée moyenne des épisodes regardés...)
Les manières de récolter des informations afin de vendre un film sont nombreuses, et vous avez sûrement déjà été confronté à au moins l'une d'entre elle. Par exemple, UGC vous propose de remplir un questionnaire dans le but de gagner des places de cinéma, Kinepolis offre pour le même service un an d'abonnement pour leurs salles... D'autres sont plus originales : aux Pays-Bas, Pathé a réutilisé le format amusant de Tinder, proposant aux utilisateurs une liste de films pour chacun desquels ils pouvaient swiper vers la gauche ou vers la droite afin d' indiquer si le film leur plaisait ou non, puis les incitait à remplir un formulaire afin de comparer leurs résultats à la moyenne nationale.
Les données peuvent servir à adapter la campagne marketing d'un film, mais pas seulement. A partir d'une base de données d'anciens films (genre, réalisateur, acteurs, sujets traités...), il est possible de prévoir le succès d'un autre.
Le Big Data est une source intarissable à exploiter pour la vente d'un film, et vous êtes les premiers fournisseurs de ces données. Vous contribuez sans le savoir à la réussite de l'industrie du cinéma !
Sûrement moins populaire que le dernier Joker, j'aimerais vous parler du court-métrage Sunspring, réalisé entièrement par Benjamin, une intelligence artificielle. A partir d'une gigantesque base de données de films, Benjamin a monté le film de toutes pièces , du scénario aux dialogues en passant par la mise en scène. C'est même lui qui a créé la bande son, dont les musiques sont adaptées aux scènes dans lesquelles elles occurrent ! Cependant, le film est assez surprenant et déroutant, et son sens est difficile à saisir. Si le résultat n'est pas concluant, c'est son processus de création qui est intéressant. On retrouve ici le principe d'analyse prédictive : Benjamin a analysé de nombreux films afin d'essayer de créer et ainsi prédire le prochain.
Le Big Data est également utilisé par Netflix lors de la création de nouvelles séries. A partir de leur panel de séries, la plate-forme analyse en temps réel les attentes des utilisateurs afin d'y répondre le plus précisément possible. En distinguant une multitude de caractéristiques sur chaque série (notes attribuées, genre, nombre de saisons, durées des épisodes...), Netflix réussit à cerner ce qui plaît le plus et s'en sert pour créer leurs prochaines séries.
Finalement, le Big Data a une place privilégiée dans l'industrie du cinéma. Tant intriguant que fascinant, il est utilisé comme thème dans les films, mais trouve son utilité également lorsqu'il s'agit de vendre les films via le marketing, et et même parfois exploité lors de la création de certains films. Le Big Data, dont l'utilisation est grandissante, continuera sans aucun doute à se développer, que ce soit dans le monde du cinéma ou dans de nombreux autres milieux.
Si le Big Data a su se rendre indispensable, il est important de souligner que son exploitation serait obsolète sans l'homme ; à l'instar de Sunspring, les technologies dont nous disposons ne peuvent suffire à créer un film réussit: l'homme est bien maître des données et des technologies qu'il exploite, on ne vivra pas (encore) le scénario de Terminator !